Saint Augustin contre les manichéens

Saint Augustin contre les manichéens

« Au reste, il ne faut pas trop s’étonner de ce que ceux qui croient en l’existence d’une nature mauvaise, engendrée d’un mauvais principe, ne veulent pas reconnaître la bonté de Dieu comme la raison de la création du monde, puisqu’ils s’imaginent au contraire que Dieu n’a créé cette machine de l’univers que dans la dernière nécessité, et pour se défendre du mal qui se révoltait contre lui ; qu’ainsi il mêle sa nature, qui est bonne, avec celle du mal, afin de le réprimer et le vaincre ; qu’il a bien du mal à la purifier et à la délivrer, parce que le mal l’a étrangement corrompue, et qu’il ne la purifie pas même toute entière, si bien que cette partie non-purifiée servira de prison et de chaîne à son ennemi vaincu. Les Manichéen ne donneraient pas dans de telles extravagances, s’ils étaient convaincus de ces deux vérités : l’une, que la nature de Dieu est immuable, incorruptible, inaltérable ; l’autre, que l’âme qui a pu déchoir par sa volonté et être ainsi corrompue par le péché et privée de la lumière de la vérité immuable, l’âme, dis-je, n’est pas une partie de Dieu ni de même nature que la sienne, mais une créature infiniment éloignée de la perfection de son Créateur. »

Saint Augustin d’Hippone, La Cité de Dieu, Livre XI, chap. XXIII.

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