La Bible : un film pédagogique (Maurice Zundel)

La Bible : un film pédagogique (Maurice Zundel)

« Pour dire les choses de la manière la plus concrète, reconnaissons donc tout de suite que la Bible est un film pédagogique, qu’il y a des niveaux différents, qu’il y a des étapes, que la Genèse n’est pas au niveau de l’Évangile, que l’Évangile lui-même n’est pas toujours au niveau, j’entends l’Évangile écrit, au niveau de la personne de Jésus-Christ.

Si vous lisez la Bible, vous pourrez abondamment vous scandaliser, y rencontrer un Dieu extérieur, un Dieu qui trône dans le ciel, un Dieu entouré d’une cour, un Dieu splendidement vêtu et acclamé par des anges qui célèbrent sa sainteté, vous verrez un monarque d’une puissance infinie à laquelle rien ne peut résister, qui dispose de toutes choses, qui se choisit un peuple, qui le fait triompher ou qui l’écrase, selon que ce peuple est fidèle ou renégat, qui dépouille les autres nations en sa faveur, qui manie le châtiment avec une colère redoutable comme quand il montre, quand il lui plaît, une clémence paternelle infiniment émouvante.

Dans tout cela que faut-il retenir ? Si on se souvient qu’il s’agit d’un film pédagogique, on ira d’abord regarder la fin. À quoi aboutit-il ?

Il est bien sûr, par exemple, que si vous lisez le récit de ce qu’on appelle la chute originelle dans la Genèse, vous avez l’impression très nette d’une épreuve, une épreuve imposée par le Maître, le maître du monde à sa créature, une épreuve que l’homme ne surmontera pas, une épreuve à laquelle l’homme succombera et qui sera suivie d’un châtiment effroyable infligé par ce maître à sa créature rebelle !

Si vous regardez la fin du film, vous entrerez dans le jardin de l’Agonie, vous verrez que Dieu n’est pas un maître qui impose arbitrairement sa volonté, n’est pas un juge qui châtie, mais que Dieu est victime, victime de tout mal, et que son amour c’est lui-même, qu’il est tout entier l’amour et rien que l’amour, et qu’il est l’amour au moment même où il est offensé, au moment même où il est crucifié, il est l’amour offert pour ceux-là même qui refusent de l’aimer.

Lorsqu’on arrive à la fin du film, il n’y a plus que l’amour. » 

Maurice Zundel, « La Pédagogie divine », in Je ne crois pas en Dieu, je le vis, Paris, éditions Le Passeur, 2017, 2022, p. 173.

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