« … car l’ennemi a coutume de mettre en usage toute son industrie pour nous faire abréger le temps que nous devons donner à la contemplation, à la méditation ou à l’oraison. »

Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels.

1

Il y a un combat terrible entre des forces gigantesques qui est en train d’être livré à l’intérieur de chacun d’entre nous. Nous y revenons toujours. C’est un combat que beaucoup ignorent, et que pourtant tous nous menons et qui nous mène intensément chaque jour, contre nous-mêmes, contre le diable ou contre Dieu. Nous en sommes le champ privilégié. Et dans nos cieux intérieurs, nous pouvons voir l’archange Saint Michel, avec ses anges, aux prises avec le Dragon, l’Antique serpent qui avait domination sur la Terre, et avec lui ses armées, déchus dès l’origine de la Création. L’Univers entier n’est préoccupé que de cette bataille, de l’issue de laquelle dépend rien de moins que notre salut. Et voici que Saint Michel empoigne Satan et le jette, avec toute la violence du Ciel, sur la Terre, où il vient s’écraser avec toutes ses armées, dans un grand fracas qui se fait sentir aux quatre coins des mondes visibles et invisibles. Vaincu, le voilà enchaîné pour plus de mille ans, la gueule coincé sous le talon de la Sainte Vierge couronnée d’étoiles. Et voilà le Fils de l’Homme qui arrive sur une nuée, accompagné des Anges glorieux de la Résurrection. Ce combat a déjà eu lieu. Les cieux et la terre s’en souviennent, n’ont pas d’autre chanson ni d’autre gloire. Depuis la nuit des temps qui se sont ouverts avec l’Incarnation, il ne cesse d’avoir lieu et il se poursuivra jusqu’à ce que les temps soient consommés. Il est le combat qui précède le Christ en son second avènement. Mais cet avènement, tout comme le combat qui le précède, a déjà eu lieu et ne cesse d’avoir lieu, et chacun des cycles de notre existence, lorsque nous sommes chrétiens et que nous voulons bien reconnaître en nous cette empreinte, est comme marqué par Son retour et Son avènement. C’est ce mystère, au cœur de notre vie spirituelle, que nous nous préparons à célébrer. Mais il faut que le combat précède. Et le combat précède, la lutte du démon avec l’Ange a bien lieu et se poursuivra jusqu’à son terme. Et ce terme aussi s’est produit : voici de nouveau le Dragon enchaîné par Saint Michel et le Christ qui se montre dans sa gloire – et son règne n’aura pas de fin. Et le signe que tout cela a bien eu lieu conformément à ce qui a été écrit, est dans la naissance d’un enfant.

2

Voici donc l’ultime combat,

le seul,

celui qu’on ne peut mener sans l’aide de Dieu.

L’Ennemi jette toutes ses forces dans la bataille ; jamais il n’a paru si puissant, jamais il n’a paru si terrifiant,

jamais son avènement et son règne, son emprise sur toutes choses,

ne nous ont paru plus inéluctables.

Mais c’est qu’en réalité il devient seulement visible, au point où nous ne pouvons plus le confondre : il se montre tel qu’il est, selon sa nature et sa destination.

Nous sommes David contre Goliath

Nous n’avons ni arme ni armure

et la seule force dont nous puissions faire usage

est celle que Dieu nous prête.