À chaque strate, à chaque étape, il nous est donné de creuser, de préciser. Nous avançons une première fois sur le domaine encore nébuleux d’une question, d’un problème qui nous paraît essentiel. Nous établissons ainsi les conditions d’un premier repérage, une première détermination. Nous pensons avoir compris quelque chose et cette compréhension, véritable, produit comme un déplacement dans l’esprit, un jeu de perspective, un premier décalage. La compréhension va son chemin, suit son cycle, sort de son état de grâce, d’illumination, pour se retrouver sur le terrain de la contradiction, du doute, de l’ignorance retrouvée. Les saisons passent, reviennent, et les questions reviennent aussi, l’ordre suivant lequel nous appréhendons nos problèmes et leurs solutions ; et si nous avons travaillé, si nous n’avons pas laissé notre intuition s’éteindre ou notre compréhension se perdre, nous les trouverons modifiés par l’étude et par l’expérience. Peut-être pas plus simples en apparence, mais avec plus de clarté, de profondeur et de précision. Les jalons que nous avons posé au passage du précédent cycle, alors que nous avions la sensation, souvenez-vous, d’ouvrir héroïquement (car c’était bien, pour nous, la première fois que nous passions par là) une voie, sont devenus des repères dont nous disposons et sur lesquels nous pouvons nous appuyer, provisoirement, pour amplifier le champ à l’intérieur duquel nous estimons les risques tolérables.